Lalaland of the Dead

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Composition et décomposition d’un thème ludique : les zombies

Le zombie, on en a bouffé (et il nous a bouffé) à toutes les sauces : de Z-Corps à Zombie Cinema en passant par Friday Night’s Zombi, le genre semblait avoir été traité sous tous les angles qu’ils soient horrifiques, psychologiques ou simplement humoristiques.

Guillaume Jentey est un auteur qui se plaît à venir bousculer les joueurs et à venir titiller notre imaginaire de manière très créative et parfois déstabilisante. On ne souvient à ce titre de l’excellent jeu de rôle « Nuit » dans lequel les joueurs apportent un peu de chaleur humaine dans un monde ayant sombré dans l’obscurité et où nous sommes littéralement privés du sens de la vue. Une expérience intime et bouleversante qui avait déjà su à mon sens renouveler une thématique classique, celle de la fin du monde.

On est encore une fois ici sur une lecture positive, ou tout du moins légère, de l’Apocalypse puisqu’elle part d’un principe simple mais terriblement efficace : quitte à crever, autant le faire en chanson.

Oui, car comme l’indique le titre de ce jeu de rôle, la proposition ludique est ici de fusionner des comédies musicales façon La la land de Damien Chazelle et le film de zombie tel que pensé par Romero. Retour sur cette petite bombe ludique d’une soixantaine de pages.

Gimme gimme gimme a brain after midnight !

La création de personnages est méga rapide, on s’embarrasse pas avec du bagage superflus qui ralentirait notre course pour échapper aux zombies.

Le personnage va se définir sur une petite carte d’identité sur laquelle on va renseigner des informations basiques telles que le nom, le prénom, l’âge, vos signes distinctifs et votre métier. A cela s’ajoute un objet qui vous est particulièrement cher ou utile au quotidien et qui pourra être sacrifié au cours d’une scène déchirante.

Par exemple, lors de mon playtest du jeu en compagnie de Guillaume et d’autres charmantes personnes, j’ai utilisé à plusieurs reprises le déambulateur de mon personnage, résidant en EHPAD, afin de repousser -avec plus ou moins de succès, de gros dalleux en décomposition.

Cette petite fiche de personnage va vous permettre à certains moments d’ajouter des dés supplémentaires à votre lance lorsque votre occupation, par exemple, vous permet de rendre plus aisée la résolution d’une action.

Le nombre de dés lancés varie en fonction de nombreux paramètres et vous pouvez facilement obtenir des bonus afin de triompher de vos ennemis – zombies ou même humains ! Ainsi, recevoir l’aide d’un camarade vous procure un dé supplémentaire mais surtout, si vous chantez une chanson pour décrire votre action et que les paroles ont un lien avec la situation, vous pouvez lancer jusqu’à deux dés supplémentaires. Autant dire que ça va grave pousser la chansonnette autour de la table ! Si vous êtes adepte de la goguette et des zombies, c’est le jeu de votre vie, véritablement.

En revanche, on peut également subir des malus de dés si on affronte par exemple un boss ou qu’on est gêné ou même blessé. Le système est très bien expliqué, efficace, léger, c’était un plaisir à lire et j’espère que Guillaume va nous offrir de petits décors supplémentaires pour jouer car je suis gourmande.

On crèvera, où tu voudras, quand tu voudras

Le jeu vous propose trois différentes temporalités en ce qui concerne la fin du monde : vous pouvez poser un setting se déroulant au moment du grand effondrement, alors que les zombies apparaissent ou bien lors du monde d’après, quand les communautés tentent de survivre et de maintenir un semblant de civilisation ou bien lors de « la fuite », quand tout espoir est perdu et qu’on s’apprête à tous crever.

Vous pouvez créer vos propres décors mais Guillaume vous propose dans le chapitre 5 du livre de jeu une aventure se déroulant sur « Sunset Boulevard de la Mort ».

Dans une mise en abyme et une nouvelle déclaration d’amour au cinéma et à la pop culture -on se souvient également de son Sonja Red et Conan contre les ninjas, Guillaume Jentey propose aux joueurs de tenter de survivre à Hollywood. Entre la maison de Michael Jackson, des factions complètement illuminées et des zombies en rollers et bikinis, préparez-vous à affrontez le meilleur du pire.

MAMMA SANS IA !

Enfin, petite précision : le jeu de Guillaume Jentey est illustré par ses soins, sans avoir recours à la moindre IA. A une époque où c’est la mode d’utiliser et de vendre des jeux de rôles dont le texte et les illustrations sont générés par des des intelligences artificielles, Lalaland of the Dead nous rappelle combien la création issue de nos petits cerveaux est belle, inventive et remarquable. On a jamais vu de zombies courir derrière un ordinateur, c’est bien que ce qu’il y a dans notre boîte crânienne qui est véritablement appétissant. Et pour ça, vous pouvez compter sur Lala land of the dead qui est véritablement mon coup de coeur rôliste de ce début d’année 2024.

« On laisse pas crever Bébé dans un coin ».

Vous pouvez vous procurer Lalaland of the Dead ici !

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